Mont Aigoual

Le mont Aigoual, sur la commune de Val-d’Aigoual, est situé au sud du Massif central, sur la limite entre le Gard et la Lozère. Il culmine à 1 565 mètres d’altitude. Cela en fait le point culminant du Gard et le second de la Lozère ainsi que des Cévennes, après le mont Lozère (1 699 mètres).

Haut lieu de l’histoire des camisards et maquisards, le mont Aigoual a inspiré de nombreux écrivains cévenols tels qu’André Chamson, Jean-Pierre Chabrol ou Jean Carrière.

Origine de l’observatoire

L’observatoire Georges Fabre, « Phare des Cévennes », a été construit entre 1887 et 1894, sur les plans de l’ingénieur Célestin-Xavier Vaussenat, qui avait réalisé ceux de l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre. En raison des conditions climatiques extrêmes (classé au niveau international en « climat subarctique »), il fallut 7 années consécutives avec une moyenne de 70 jours de travaux par an, pour achever l’édifice.

En raison du déboisement des forêts du massif, en grande partie responsable d’importantes inondations, Georges Fabre, garde-général et conservateur des eaux et forêts, entreprit de reboiser l’Aigoual. Son projet pluridisciplinaire fut soutenu par la communauté scientifique de l’époque, qu’il réussit à entrainer grâce à sa détermination, notamment le directeur du Bureau central de la météorologie, le physicien Éleuthère Mascart. Georges Fabre devait en effet convaincre de l’importance d’un observatoire au sommet des Cévennes dans l’intérêt des sciences mais aussi pour le suivi de l’évolution de la jeune forêt de l’Aigoual ; ainsi, un soutien politique lui était indispensable. De fait, bien que les premiers registres d’observations datent de décembre 1894, l’observatoire était d’abord sous la direction de l’administration des eaux et forêts. Ce n’est qu’en mai 1943 que ce dernier passe sous la direction de la Météorologie nationale.

Riche de son passé météorologique et climatique (les scientifiques effectuent sur l’Aigoual des observations et relevés depuis plus de 125 ans), la longue série de mesures de la station météorologique du mont Aigoual a obtenu la reconnaissance de l’Organisation météorologique mondiale comme Paris-Montsouris et Besançon en France, à savoir une station référente pour l’étude du climat mondial, un label attribué aux stations centenaires.

Deux emblèmes régionaux

Les deux observatoires historiques, astronomique pour le Pic du Midi de Bigorre (1873), météorologique pour celui du mont Aigoual (1894), sont situés en Occitanie et continuent à mener des activités pérennes scientifiques et touristiques. Leurs travaux sont complémentaires, et l’intérêt des publics pour les deux sites va croissant, répondant aux interrogations actuelles notamment sur les changements climatiques, mais également sur la défense de la biodiversité, sur les questions de l’environnement, etc.

Espace de médiation scientifique

Suite à l’automatisation de la station météorologique en 2011, seule une poignée de techniciens est restée sur le site et contribuait au maintien du Météosite de l’Aigoual. Cet espace de médiation scientifique créé il y a plus de 25 ans permettait au public de découvrir les sciences de l’atmosphère et du climat avec des météorologues.  L’observatoire accueillait alors environ 60 000 visiteuses et visiteurs chaque année de mai à octobre.

Malgré l’attractivité du site, la bâtisse à l’allure de forteresse souffrait des intempéries, nécessitant d’importants travaux. Un projet de réhabilitation a alors été porté par la communauté des communes Causses Aigoual Cévennes « Terres Solidaires » en partenariat avec Météo-France. Le projet de réhabilitation incluait également le renouvellement de l’espace de médiation scientifique et de l’espace boutique et accueil.

C’est donc après 4 ans de travaux, le 7 juillet 2023, que le Météosite se reconvertit en Climatographe et devient le premier centre français d’interprétation et de sensibilisation aux changements climatiques. La nouvelle exposition propose une approche unique sur les changements climatiques, valorisant un patrimoine bâti autant qu’un patrimoine forestier, météorologique et climatique. Son contenu a été élaboré par les quinze meilleurs spécialistes français du changement climatique en France et s’appuie sur les différents scénarios du Giec. Elle a pour objectif de sensibiliser tous les publics à la réalité alarmante des changements climatiques, tout en apportant des preuves concrètes en montrant précisément les projections des modèles climatiques et en donnant des clés et des pistes pour agir individuellement et collectivement. La réhabilitation de l’exposition s’accompagne d’un nouvel espace accueil et vente, ainsi que d’un embellissement des espaces extérieurs pour accueillir tous les publics, et l’aménagement d’un espace de restauration et d’hébergement.

Les partenaires historiques de l’observatoire, systématiquement associés à tout projet, et sans lesquels le site présenterait un aspect hors-sol, sont l’Office national des forêts, Météo-France, le Parc national des Cévennes, la région Occitanie, le département du Gard, l’État.

Découvrez ici le projet de nouvel Observatoire du Climat et la campagne de mécénat lancée à l’été 2022.

Centre d’expérimentation et de mesures

L’espace de médiation scientifique à but pédagogique et éducatif se double d’activités liées au centre d’expérimentation et à la mesure. Ce volet représente un aspect fondamental du travail scientifique. En effet, l’observatoire accueille des entreprises, souvent prestigieuses, qui choisissent l’Aigoual pour son climat et le sérieux des données relevées, afin de tester l’efficacité de matériaux (bétons, polymère, etc.) dans des conditions extrêmes. Cette activité, qui peut sembler annexe à la destination première de l’observatoire, est en fait complémentaire ; non seulement elle lui apporte une reconnaissance internationale, des partenaires concepteurs des matériaux du futur, mais elle s’inscrit également dans la recherche et dans l’éducation scientifique (découverte de métiers, résistance des matériaux, etc.).

Ce centre d’essais, véritable laboratoire d’expérimentation pour entreprises industrielles, se situe au sein de l’observatoire Météo-France du mont Aigoual. Il a été créé en 1992 afin de réaliser une campagne internationale de tests sur capteurs vent, pilotée par l’Organisation météorologique mondiale : 25 capteurs de sept pays différents ont pu être ainsi testés (fonctionnalité, fiabilité, etc.) dans les conditions climatiques très sévères du mont Aigoual.

À l’issue de cette campagne de 2 ans, le Centre d’essais s’est vu tout naturellement agrandi et ouvert aux entreprises privées. Depuis lors, Météo-France gère et met à disposition les locaux et la plateforme d’expérimentation en contractualisant avec des entreprises et des industriels. C’est la présence sur place et à l’année d’un personnel qualifié, assurant aux clients le contrôle, l’entretien, la surveillance, la gestion de fichiers, etc., qui garantit le bon fonctionnement du Centre d’essais.

Types d’essais réalisés : Essais de liaisons hertziennes en périodes de givre, fiabilité de caméras et champs de détections d’intrusions, détection de givre sur aile d’avions, détection optique par temps de brouillard et brouillard givrant, étude de ciments et liants hydrauliques givrage/dégivrage, essais d’éolienne à axe vertical, réchauffage pluviomètres et capteurs vent, équipements et fiabilité de bouées dérivantes pour le Spitzberg, variabilité d’ensoleillement sur panneaux voltaïques, etc.

Tourisme

Le site remarquable que représente l’Aigoual nous oblige aujourd’hui à nous engager dans un tourisme éloigné du consumérisme et de la massification grâce à des projets visant à développer ou à pérenniser la fréquentation du « tourisme lent », ou l’adaptation de la station de ski afin qu’elle ne mise plus toute son activité sur la neige.

Réduire les déplacements, se recentrer sur le territoire, mettre en valeur les « micro-aventures », valoriser les circuits courts, rendre accessibles financièrement les séjours grâce au vélo-tourisme, à la randonnée ou au tourisme itinérant, etc. Cette dynamique s’accorde avec la mise en place d’une transition avec des thématiques sociales et la réintégration des habitantes et des habitants dans les projets, l’urgence climatique, la question des mobilités.

Le tourisme responsable permet de penser le tourisme dans le cadre d’une politique globale du temps libre : planifier l’aménagement du territoire sur le massif de l’Aigoual, articuler les formes de tourisme et les flux de visiteuses et de visiteurs, faire du temps son allié en proposant des séjours et des visites sur toute l’année. Organiser la vocation sociale et écologique du tourisme, c’est promouvoir une approche des loisirs plus responsable vis-à-vis de la planète. C’est aussi faire la part au développement personnel, en proposant des hébergements de type « écolodge » avec des activités sportives pratiquées dans un environnement naturel, parfois couplées à des cours de yoga, de relaxation, de méditation.

C’est exactement ce que le site de l’observatoire du mont Aigoual est en capacité d’imaginer et souhaite mettre en place avec ses partenaires.

Le site de l’Aigoual, dans son entité (son identité devrait-on dire), c’est-à-dire l’observatoire, son environnement immédiat, la forêt, l’eau, ses multiples prolongations scientifiques, culturelles, éducatives, mais également son pôle recherche et expérimentation, illustre parfaitement ce qu’est un lieu de vies. Croisement entre art et science, partage de connaissances, symbole historique, qu’une majorité d’habitantes et d’habitants de la région s’est appropriée pour son histoire personnelle, il préside à nos mémoires tout en nous invitant à regarder vers l’avenir.

Lieu-ressource pour tous, l’observatoire est aussi un lieu où vivent et travaillent des femmes et des hommes. Ces personnes compétentes, profondément attachées à la fois au site et à leur outil de travail, disposées à partager leurs connaissances et leur amour aux visiteuses et aux visiteurs. Chacune porte en elle une expérience unique, modelée par les saisons et les années, ponctuée de moments forts, d’incertitudes, de choix.

L’Aigoual, site isolé et complexe, riche de multiples propositions qui interagissent, nécessite de s’appuyer sur ces femmes et ces hommes pour mettre en place tout au long de l’année des activités diversifiées, et répondre à sa mission d’accueil, d’animation, d’éducation, de recherche et de transmission.

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